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Le cloud, l’infogérance et la médecine chinoise.

Le cloud incarne une approche technologique ou des offres standardisées, plutôt éloignées de l’externalisation d’infrastructures globales et sur-mesure. Une distinction indispensable pour décrypter les leviers de ces marchés, avec Guillaume Lamiaux, directeur commercial chez Ikoula.

Comment distinguez-vous infogérance et cloud ?
Dans l’infogérance traditionnelle, notre mission consiste à maintenir et à superviser des infrastructures matérielles et logicielles afin d’assurer une continuité d’activité optimale à nos clients. De mon point de vue, le cloud concerne plutôt la façon dont on pense l’infrastructure informatique. Pour l'exprimer autrement, l’infogérance est une prestation de service, tandis que le cloud est une approche technologique intégrant divers mécanismes comme la virtualisation, l’allocation dynamique de ressources, le multitenant, etc.
Même si dans nos offres d’infogérance nous proposons bien évidemment aux entreprises d’utiliser pleinement toutes ces technologies.

Pourtant, le SaaS est aussi une forme d’externalisation…
Prenons l’exemple de la messagerie d’entreprise.
Dans une approche interne traditionnelle, le DSI achetait un ou plusieurs serveurs, des licences, et devait gérer l’ensemble : matériel, logiciels, déploiement, support, maintenance et mises à jour.
Dans un premier temps, les entreprises ont choisi d’externaliser leur matériel et de la faire gérer et superviser par des spécialistes. Et très vite, elles ont demandé la même chose pour l’infrastructure logicielle, et le service.
Dans la quasi-totalité des cas, une entreprise cliente en infogérance achète un service tout compris. Il s’agit bien d’une prestation “all inclusive” vendue au forfait et incluant le matériel, le logiciel, le service et le conseil.
Le modèle du SaaS est de type mutualisé et repose sur un partage des infrastructures. L’infogérance concerne plutôt du sur-mesure. Avec le SaaS, l’entreprise doit définir son besoin en veillant à « entrer dans les cases » de ce qui est proposé. De plus, le SaaS est généralement monoapplicatif.

Pour quelles autres raisons un modèle économique différent est-il justifié ?
Le modèle économique du SaaS (ou de l’IaaS) consiste à proposer une facturation à l’usage, très différente de l’infogérance dans lequel tous les paramètres sont clairement et contractuellement définis et encadrés, à la hausse comme à la baisse, etc.
Généralement, ce forfait contractuel bénéfice de l’expérience de l’infogéreur qui connaît et sait prévoir les divers paliers afin de définir les modalités amenant à un juste équilibre entre sa rentabilité et le coût proposé à l’entreprise.
D’autant que les incidents peuvent engendrer de très lourdes pénalités pour l’infogéreur. Sans facturation forfaitaire, le système entraîne des effets pervers. Dans l’ancien modèle, l’entreprise disposait de tickets d’intervention et devait ensuite en racheter si nécessaire. Bref, plus il y avait d’incidents, plus le client payait.
Pour gagner de l’argent, nous devons anticiper afin d’éviter au maximum les éventuels incidents. Un peu à la manière des médecins chinois qui ne sont payés qui si leur client se porte bien, et qui ont donc tout intérêt à les maintenir au mieux de leur forme en permanence.